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35 - WANAKA : Une pêche de rêve

Je sais depuis longtemps que si j’habitais certaines régions comme la Bretagne je ne jouerai plus au golf mais j’irais à la pêche à la truite et au saumon. Lors de notre voyage en Ecosse j’avais glissé une canne à mouche dans le sac de golf, avec le temps froid des Highlands, je n’avais pas vu une seule truite moucher.
Clutha River
Pêcher en Nouvelle Zélande est le rêve de beaucoup de pêcheurs, d’autant que sur les grandes rivières la pêche à la truite et au saumon est ouverte toute l’année. Les règles sont différentes selon les régions et je les ai regardées de près tout en rêvant d’y consacrer un moment. Quand Françoise m’a dit que nous logerions dans une maison au bord d’une rivière, le rêve est devenu réalité. J’ai regardé les techniques de pêche et les poissons que je pourrai trouver. 
Il ne s’agit jamais pour moi de prendre des quantités, je ne suis pas si adroit. Mais une partie de pêche ce sont des odeurs et des souvenirs de jeunesse. Du temps où l’on partait tôt le matin pour rejoindre les Barronies, on laissait la voiture et l’on descendait dans les gorges pour parfois ne rien prendre et souvent rejeter tout ce que l’on prenait. 
Clutha River
J’ai passé des soirées d’insomnie à regarder la chaîne Chasse et Pêche où l’on voit toujours attraper des poissons énormes sur toutes les rivières du monde. Je sais que ce n’est jamais facile même pour les initiés de prendre une truite quand elle n’a pas décidé de prendre l’appât que vous lui présentez. Je sais aussi que certains artistes de la gaule ont cette capacité de lire la rivière et de trouver une belle pièce à l’endroit que vous ne pouvez même pas imaginer.
La pêche est un art difficile à manier. Mais c’est aussi partir à l’aventure au milieu des monts et des vallées. C’est découvrir au fond d’un pré une rivière qui chante sur des galets. Pour pouvoir pêcher avec un peu de succès il faut faire un apprentissage de quelques journées. Retrouver des réflexes que vous avez laissé, occupé à autre chose tout au long de l’année.

A peine arrivés chez Tracey et Tim, je me suis avancé vers Clutha River qui grondait. Un gave à la fonte des neiges. Une hauteur d’eau toute bleue qui dévale au milieu des galets et des arbres couchés. Je ne sais pas bien pêcher ces grandes eaux mais comme je n’ai pas le choix, j’allais m’y atteler. Rien que de se préparer déjà vous pêchez.


Le magasin d’articles de pêche est juste à côté de l’office de tourisme, perdu au milieu des locations de skis. Le technicien  a été attentionné pour me faire choisir la canne adaptée aux rivières de la région. La pêche dans les petites rivières est fermée. Les truites peuvent frayer. Dans les grandes eaux quelques spécimen enlevés permettront aux autres de manger. 

J’ai l’habitude des cuillères tournantes, ce n’est pas celles qu’il m’a conseillé. Je vais essayer puis je déciderai. 

Maintenant la licence pour pêcher. Merci l’électronique, passeport vite fait, 20 NZD. Pas d’autre solution quand vous êtes étranger et pêcheur isolé. Je sais juste qu’au bord de l’eau je ne serai pas bousculé. 
Le matériel est le même que celui que l’on trouve en France dans le magasin, je n’ai pas été dépaysé. 


Préparer la canne, c’est déjà pêcher. Monter le moulinet pour placer le crin comme il convient pour qu’il se déroule facilement et avec précision. Attacher l’émerillon pour que la truite ne le case pas. J’ai en tête que les spécimens d’ici font une taille que je ne connais pas. Par principe je pars pêcher sans épuisette. Jusqu’au dernier moment je donne sa chance au poisson. Je prépare tout mon attirail avec précaution. Pour commencer je mets une épingle, j’ai plusieurs leurres à essayer. Ce n’est pas parfait selon les puristes mais le plaisir c’est d’aller pêcher, de tenter, pas de rapporter une cargaison de poisson.

Choisir le moment de commencer à pêcher est une autre réflexion, suivre son intuition puis prendre le temps d’arpenter la rivière à des moments différents. Cela m’a pris une journée étalée sur deux jours. Chercher les postes dans ce torrent avec une hauteur d’eau variable est un nouvel apprentissage. C’est la rivière qui a le plus de débit de Nouvelle Zélande.


La dernière phase de pêche virtuelle est de trouver l’appât qui convient. Si personne n’est sur la rivière cela sera affaire de chance. Sinon aller dire bonjour et regarder le montage technique et la couleur à défaut. Cela fait toujours plaisir de discuter. Les pêcheurs sont pires que les golfeurs pour raconter leurs combats ce qui n’est pas peu dire.

Avec le temps ce qui me donne le plus d’information c’est le coup du soir. Laisser tomber le soleil tout en repérant les coups possibles et attendre la tombée de la nuit. Regarder les nuages du soleil couchant. Puis mettre le réveil pour le coup du matin.
J’ai pris soin de descendre la rivière, elle est si grande que le poisson peut être partout, j’ai lancé à l’aveuglette pour sentir le fond et j’ai passé tous les 10 ou 12 lancers tous les leurres que j’avais achetés sur les conseils du magasin. De la matinée et de l’après- midi pas une touche, juste des suivis. Les truites sont reparties quand elles m’ont vu aiguisant un peu plus mon appétit. Aucun petit gabarit, toutes de la taille de celle vues en ville à Wanaka dans la réserve.

Je suis parti pour le coup du soir avec un peu plus de confiance, j’ai mis une poche dans ma veste, je pensais que je pouvais prendre une truite, j’en savais assez. Au vingtième à 10 mètres une a chargé et je l’ai ramenée. Une belle pièce le temps de la noyer sans la brusquer. Etalée sur les galets elle ne payait pas de mine c’est en la prenant dans la main que j’ai réalisé que c’est la plus grosse que je n’avais jamais pêchée. 43 cm. J’ai continué jusqu’à la nuit, en hiver dans le vent il est à peine 5 heures et demi. Tim m’a demandé si je l’avais vidée. Je n’ai pas compris sur le moment. Il les vides au bord de l’eau avant de les rapporter, comme les trappeurs de l’Ouest Américain. J’ai tout à apprendre des habitudes de la contrée. 





Pour prendre l’apéritif Tim nous a fait la surprise de fumer le poisson. La recette m’était inconnue mais je l’ai retenue. Je croyais qu’il fallait du temps comme pour le lard de cochon pendu dans la cheminée ou encore le magret de canard. Rien de tout cela, les « boîtes » à fumer sont vendues comme des barbecues.  Je pense que je vais m’équiper, je croyais l’affaire compliquée, mais avoir appris cela si loin sera encore plus facile à retenir.


Fier de ce premier coup j’ai accepté de partir avec Tim sur une autre rivière. J’ai retrouvé mes plaisirs de gamin à partir de nuit pour être sur le coup au petit jour, avant le lever du soleil. Même si vous ne prenez rien les moments passés au calme au bord de l’eau vous êtes obligé de vous arrêter pour regarder le jour se lever. Peu à peu dans le froid qui mordait les doigts le soleil a rosi les sommets puis tout c’est éclairé pour nous livrer la chaîne en entier.



Pendant le temps que l’on mitraillait pour garder le souvenir plus frais de nouveaux pêcheurs sont arrivés. Des habitués des lieux, bruyant à souhait et même pas discrets. Il se sont mis à l’eau en plein où je pêchais, même pas gênés comme dans les Pyrénées. Cette propension au manque d’éducation chez certains pêcheurs qui n’ont aucun savoir vivre et ne respectent rien, me fait toujours autant bouillir intérieurement. Ce sont de pauvres gens, définitivement. 
La matinée n’a pas été fructueuse, parmi les 6 cannes en activité fébrile seulement deux prises en 3 heures de temps. Le temps est froid et l’eau glaciale, les truites se sont reliées au fond des lacs pour mieux s’alimenter, elle reviendront plus tard quand le temps sera réchauffé. 
Nous sommes rentrés en tentant quelques postes où Tim est habitué de pêcher. Sur le petit lac envahi de canards calmes et de bernaches qui aboyaient comme un meute de chiens, les eaux étaient trop basses pour pouvoir approcher puis le vent de tempête thermique s’est levé, il valait mieux rentrer. Bredouille sans doute mais enchanté d’avoir partagé ce moment sacré du soleil levant.




Le temps de déjeuner et d’aller marcher pour les 10000 pas de la journée. J’ai pris la précaution d’aller chercher deux cuillères dont Tim m’avait parlé comme des leurres avec lesquels il a beaucoup de succès, puis retour au bord de l’eau pour un coup du soir, vite fait dans mon coin préféré de Clutha River. 

Juste avant la tombée de la nuit le soleil était presque parti et le vent s’était renforcé facilitant mes lancers. A moment donné la cuillère à peine tombée un choc au poignet, réflexe de ferrer, je n’étais pas accroché au bout de la ligne tout s’affolait. Pas de saut, pas de bruit à 30 mètres la ligne remontait le courant. Même bien équipé avec du 20 centième sur le moulinet je n’aime pas brusquer le poisson. J’ai mis le temps pour le fatiguer et le ramener. Quand je l’ai fait glisser doucement sur le sable elle a mis du temps pour sortir de l’eau. Une superbe truite arc en ciel de 53 cm. Record largement battu. Je tremblais de plaisir avant de la ramasser et de la préparer pour la ramener. Encore quelques coups de ligne et une autre ratée, une « brown », énorme qui s’est envolée au moment où je l’ai ferrée.  Dans le soir qui tombait image rangée aux bons moments de la journée. 

Tim nous avait dit que cette espèce est plus fine que la « brown » prise hier. Un peu le contraire de chez nous… Aussitôt rapportée aussitôt fumée, avec nous il y avait d’autres invités. C’est vrai la chair de la « rainbow » est plus fine, on s’est régalé.

Au petit matin, à peine levé sans déjeuner je me suis équipé. Cette fois sous une pluie fine, bien équipé pour se rapprocher du pôle Sud pas de danger. Arrivé au bord de l’eau de grosses gouttes sont arrivées, en général je pense toujours que c’est bon pour émoustiller l’appétit des poissons. 
C’est ce qui est arrivé une « brown » sœur  jumelle de la précédente est venue happer le leurre devant mes pieds. Elle a voulu repartir, je l’en ai empêchée, elle a sauté aussi haut qu’elle pouvait me permettant de l’admirer. Mon idée était déjà de la relâcher pour ne pas obliger encore une fois Tim à la fumer. Je l’imaginais bien en croûte de sel, il faudra essayer.

Une fois sur les galets je me suis rendu compte qu’elle avait avalé le leurre en entier. Je l’ai ramenée, Tracey aime les poissons, dame truite sera congelée.



Jamais je n’aurai pensé qu’en si peu de temps je prendrais autant de plaisir à pêcher dans cet endroit rêvé. Du coup en descendant encore plus bas et pour finir le voyage, je vais continuer de tenter le poisson et de prendre un peu plus de plaisir. Car au fond la pêche ce n’est que ça, un moment de plaisir… En vous le racontant il est décuplé comme jamais encore je ne l’avais fait.

Michel Prieu
Michel Prieu
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Illustrations, Photos et Mise en page : Francoise Devillechabrolle
Email : francoise.devillechabrolle@gmail.com


2 commentaires:

  1. Traduction de Pologne: Que de belles photos

    Message français: Merci cher ami, le plaisir de la pêche est complétée par la beauté de la région de ce merveilleux pays de Nouvelle Zélande

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