Translate

6 - WELLINGTON: Arrivée



Tomber du ciel à Wellington, n’est ni fortuit ni une nouvauté. Le voyage en hiver vient de commencer, l’escale d’Auckland nous a branché, il pleuvait à sceau, 10 degrés. Pas un choc sous abri mais il faudra s’adapter.


Et d’abord aux règles du pays. Vous remplissez toujours en Australie ou Nouvelle Zélande un document d’entrée circonstanciée avec beaucoup d’interdits, les drogues, l’alcool, la viande fraîche mais aussi les fruits. 

Françoise avait dans son sac une pomme oubliée. Dans mon dos, après la douane elle est passée trop près du chien qui sert à renifler les paquets. Stoppée, il avait dépisté le fruit interdit d’entrée… Embarquée au poste et sermonnée…Peut-être 400$ d’amende à payer. Le kilo de pomme est hors de prix ici !


Changement d’aéroport pour la capitale, check-in automatisé…Heureusement il y a des superviseurs, les robots ne savent pas encore tout faire. Remarquez qu’au train où cela s’étend ça ne va pas tarder. Je dis ça comme ça mais je ne le crois pas, je suis plus optimiste que ça. Ils vont faire ce que les employés ne veulent plus faire. Si j’en crois mes lectures de Michel Serres et de Bernard Stiegler, enfin le travail va être réinventé. 
Je dois beaucoup de mon optimisme à ces deux philosophes, ils m’ont fait remarquer, il y a quelques années que la relation entre robots et chômage n’était pas celle que je croyais. Les pays qui ont le plus de robots sont ceux qui ont le moins de sans emploi. Vérifiez, je ne plaisante pas. 

L’un comme l’autre se mettent à votre portée pour vous faire comprendre des choses pour demain. Ce sont des philosophes de l’histoire et des sciences pour comprendre  l’avenir à l’ancienne. C’est-à-dire qu’ils ne font pas que penser, ils sont dans l’action, ils font. L’un à l’Académie Française, à l’Université, dans ses livres et sur mer, l’autre expérimente avec l’IRI de nouvelles façons de travailler en Seine Saint Denis. L’un enseigne aux USA, l’autre en Chine. Ils ne sont pas d’accord forcément et c’est ce que je trouve intéressant et dynamique. 
Une heure de vol au-dessus des nuages pour se rappeler qu’il y a du soleil tellement la couche de nuage poussée par le vent est épaisse et mouvante. Nous sommes à destination plus qu’à s’organiser.
Inutile de dire que les All Blacks et les Lions sont partout, sur les affiches et dans les magazines. Le rouge et le noir partout sur les murs, ambiance assurée. 



Chercher la voiture louée, pour une fois de plus trouver le service à côté des enseignes traditionnelles qui phagocytent le marché du monde entier. Une façon de croire encore que tout n’est pas perdu et qu’avec quelques idées, de bonnes volontés trouvent le moyen d’assurer un service en dehors des gares et des aéroports… Pour un prix plus léger ? Pas sûr mais à l’autre bout du monde pas possible de tout contrôler. 
Tout d’un coup à la descente de l’avion, j’ai réalisé que je n’avais rien anticipé que je devais prendre la conduite à gauche. Vite y remédier, ce n’est pas si aisé de contrer une vieille habitude de conduite, même au volant d’une auto.
New Zealand l’an dernier nous a tendu les bras, nous savons pourquoi nous sommes là. Je crois profondément avoir compris un jour en jouant au rugby que ce jeu pouvait être une représentation du monde, les All Blacks en sont une belle image. Beaucoup de gens se moquent des jeux du cirque, ils ont tort. Mieux vaut des batailles sur un pré que dans des tranchées. 
Ce pays représente une vibration particulière au propre comme au figuré de quoi vous transfigurer, pas un jeu, une vérité. Alors s’y immerger pour mesurer son originalité est un challenge tout trouvé. Une manière de comparer la vie d’ici et celle que l’on connait d’ailleurs, d’autres pays, prendre un peu de richesse parmi leurs idées et revenir plus forts où l’on est né.  Vous dire tout cela pour conserver notre appartenance à défaut de notre identité.
Le jeu déployé par les équipes néo-zélandaises depuis le siècle où il a été amené sur ces îles conserve une âpreté au combat mais aussi une fluidité, une inventivité mélangée a un caractère pragmatique, une faculté de s’adapter, image de culture traditionnelle et de nouveauté. L’efficacité en équipe. Une autre preuve : leur capacité à se transcender sur mer. En ce moment ils se confrontent aux américains sur un triangle de Coupe de l’America, autre projet historique qui reste fascinant dans un autre domaine.

Dans ces deux disciplines, j’y trouve une constance, une unité que je voudrais sentir plus profonde pour nous français dont les fluctuations de pensée sont presque à l’opposé. Nous semblons ballotés alors que nous avons des racines bien ancrées, peut-être qu’il ne faudrait pas trop vite vouloir les oublier.
Pourquoi en hiver ? Le rugby d’élite a besoin du froid et de la pluie pour stimuli. Les hommes les doigts gourds doivent encore plus s’appliquer pour ne pas lâcher le ballon. Avec l’arrivée des Lions les joueurs vont mettre en jeu leur fierté. Confrontés à une forte sélection de l’hémisphère nord douze ans que ce n’est pas arrivé. Les journaux montrent la lutte des coaches de chaque tournée, les entraînements sont aussi analysés, commentés. La tension est forte partout dans le pays…
Avec nos visites et nos rencontres, j’espère que nous pourrons obtenir des réponses. C’est la richesse de ces vastes virées, plus vivant que seulement chercher dans l’immense mémoire que les ordinateurs toujours plus gros mettent à notre portée. Voir et toucher pour dénicher quelques secrets, puis les partager. C’est le sens du voyage…
Bon, avant de conclure cette première page, ce que je découvre après deux jours sur le rugby est si intéressant que je vais ouvrir un blog particulier. Tout ne tourne pas autour du rugby.
Je vous dirai lorsqu’il sera prêt…


Michel Prieu
Facebook : Michel Prieu
Email : michelprieupassion@gmail.com
Blog Rugby: variationsetideesrugby.blogspot.com
Photos et Mise en page : Francoise Devillechabrolle
Email : francoise.devillechabrolle@gmail.com



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire