32 - CHRISTCHURCH : Au revoir

Je vous ai dit mon attachement à cette ville et à ses gens. L’an dernier au moment où nous avons visité le musée du Earthquake, nous avons écouté, de nouveau tremblé au souvenir de 2011. Cette fois le musée est transféré, il ne sera ouvert que pour la fin du mois d’août. 

Pour vous montrer ce qu’est une ville blessée, le calme des gens dans le désastre qui effectivement peut changer une vie en un instant :

https://youtu.be/rGLsbVFlr-E 

Cet hiver en la retrouvant plus tôt que je ne pensais, dès le premier jour nous nous sommes approchés sur la pointe des pieds. Les yeux partout à la fois, comme elle avait changé…

Ce qui l’an dernier était enchanteur avec le village de containers de toutes les couleurs montrant une énergie vivifiante que les estivants rendaient encore plus animée, le centre avait perdu sa vie, presque triste, il attendait.

Il n’est pas possible de marcher dans les rues arrangées comme des voyeurs. Dans chaque recoin on recherche la vie, on essaie de comprendre comment de nouveau elle va s’animer.

Plusieurs immeubles sont déjà terminés et reprennent une nouvelle vie. Les architectes ont présenté leurs projets et la municipalité a fait une consultation pour recueillir l’avis de la population. Les panneaux retracent encore ces moments mais on aimerait que tout ailles plus vite.

Le centre-ville est encore déchiré. Les reconstructions des immeubles privés et des hôtels ont rapidement été engagées. Cela donne cet aspect d’îlots où les nouveaux bâtiments terminés côtoient encore des espaces dégagés. Facile de comprendre qu’il y ait des priorités. 

Les dégâts ont dû être expertisés avec minutie à la fois pour les particuliers et pour les sociétés. Quand on parle avec les gens maintenant, ils relativisent presque l’événement. Dans le même quartier certains ont tout perdu et d’autres ont été épargnés, allez savoir pourquoi, la nature ne le dit pas.

Merci Maree de cette belle soirée

Nous vous avons tenté le mieux possible de vous dire combien les gens de Wellington étaient diserts et chaleureux dans la rue comme chez eux. Christchurch est plus froide de ce côté-là, dans la rue l’empathie ne se ressent pas. Ils vous donnent toute leur amitié lorsque vous êtes installés chez eux au chaud souvent près du feu.

David un grand merci pour tout !!!

Ces gens du Sud sont comme chez nous ceux du Nord. Ils ne veulent pas se mêler de votre vie. Chaleureux mais respectueux de votre espace de liberté. Si vous manifestez un intérêt ils sont prêts. Comme les scouts c’est une qualité. Ils ont de la compassion et restent très solidaires.

C’est dans cet esprit qu’a été commencée la reconstruction et que ce sont multipliés les chantiers.  Pourtant, avant de reconstruire, toute la population a dû se reconstruire. Les blessures mentales suite à un tel tremblement sont difficiles à cerner.

On imagine mal comment les gens peuvent être touchés par un tel traumatisme, les images de la télévision ne peuvent rien pour ça. On ne pense jamais ce que tout cela va donner dans quelques années, beaucoup de gens ne s’en remettront pas.

Les premiers immeubles terminés font une large place à l’acier et au verre. C’est un peu glacé même sous le soleil. Les travaux vont bon train mais la ville ne sera terminée que dans quelques années puis il lui faudra le temps de se patiner pour retrouver une âme sûrement différente de celle qu’elle avait.

Un des projet.

Enfin après toutes ces années les plans pour réhabiliter la cathédrale anglicane ont fait bouger. Autour d’elle les gens se sont groupés. Plusieurs projets ont été proposés. Tout détruire et recommencer par une cathédrale aux formes modernes. Elle a fait jaser. Un autre projet demandait de reconstruire la nef de manière traditionnelle avec sa charpente de bois.

Au fur et à mesure de l’avancée des projets, les budgets sont grimpés jusqu’à 130 millions de dollars néozélandais. Bien au-delà de qui était acté. Les instances politiques savent bien que la cathédrale anglicane ne peut rester ainsi et se sont activées. Les décisions viennent d’être arrêtées. Le financement sera multi-parties, le gouvernement central, le conseil de la ville, le diocèse et les particuliers qui ont abondé un fonds de compassion. Les assurances vont aussi contribuer. Ce n’est pas terminé, des fonds vont même arriver de l’étranger. Cela paraît à beaucoup désuet, mais pour souder les communautés la religion a parfois son intérêt.

Même avec ses palissades revisitées et chamarrées la nef éventrée inspire une grande pitié. Il est temps qu’elle se refasse une beauté. Je crois que ce n’était pas la priorité mais la laisser ainsi ne laisse pas le choix au passant, il presse le pas sans un regard. 

Heureusement un artiste maori a eu la bonne idée de construire un abri de verdure pour aiguayer l’endroit. On peut aussi en tournant le dos aux dégâts jouer aux échecs géants. Quand l’échiquier est occupé avec un autre en miniature attend et vous aussi vous pouvez jouer.

Un méchant vent soufflait du sud et il fallait s’abriter, on a coupé par les traboules que l’on a trouvées entre les parkings en étage ou sur les terrepleins dégagés. La voiture aura encore pour un moment droit de cité. Sans exagérer, je crois pouvoir dire qu’il y a un parking dans tous les projets.

Un dernier coup d’œil au Isaac Royal Theater où nous avons écouté Carmen comme on ne pouvait l’imaginer, il était temps de s’éclipser. Le cœur un peu triste, il faut l’avouer.

En été nous avons trouvé que la ville était animée, l’hiver nous l’a présentée plus feutrée. Elle garde le charme qu’elle avait sous le soleil, mais on l’a trouvée plus fermée. J’aimerai de nouveau la voir terminée.  Je crois que je reviendrai, je sais que j’y verrai du rugby bien joué. Les Crusaders ont terrassé les Lions où les Hurricanes n’avaient pu les balayer. Les deux équipes sont différentes et finalement ce sont peut-être elles qui montrent le mieux l’esprit qui anime les deux cités. 

Les architectes ont eu l’idée de faire trabouler les immeubles qui sont terminés, ce serait bien de voir si cela va continuer. On pourrait presque aller de la gare du tram à celle des autobus sans se mouiller… Il faut toujours rêver !

Michel Prieu

Michel Prieu

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