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22 - CHISTCHURCH : Retour en hiver

Hoa hi,

Je suis parti l’an dernier de cette ville blessée avec au fond de moi une profonde vérité. Cette ville connaît le danger, il y a peu encore elle l’a éprouvé. Et elle met toute son énergie à se réinventer, à trouver une nouvelle vie. Le bruit y est intense, ailleurs il vous dérangerait, mais vous le tolérez car vous savez que c’est pour la réparer.



Vous ne pouvez venir ici sans être plongé dans cet univers baroque de carcasses métalliques nouvelles qui poussent au milieu de ruines protégées et de no mans land dégagés à grands coups de pelles mécaniques.



Les épreuves subies depuis 2010 par les habitants de la ville ne les ont pas freinés dans leur envie de vivre et de recevoir. En plein été dans les cubes colorés de la cité détruite c’était un vrai plaisir pour l’œil de voir comment ils s’étaient organisés pour conjurer le sort.
Les designers, les décorateurs, les peintres avaient tout repensé pour redonner une vie à ce qui avait été détruit. L’animation autour des containers bariolés dont les tôles n’avaient jamais pensé qu’elles seraient si gaies, les cris et les sourires des gens qui circulaient disaient leur envie d’exister. J’en avais retiré une force insoupçonnée, le malheur n’est que le revers de la pièce du bonheur.
Débarquer en hiver à son charme, d’un côté voir la côte de l’Ile du sud se découper et de l’autre les montagnes enneigées, ce n’est pas être écartelé. Les pics blancs d’une montagne ne sont pour moi que le reflet discret des montagnes où je suis né. De l’autre découvrir une nouvelle terre, sentir des odeurs nouvelles, faire une rencontre qui compte.
Christchurch sera le point de départ d’une descente vers le pôle Antarctique. Bouleversant pour un enfant du pôle Arctique. Renversant pour la boussole quand vous avez appris tout petit à vous diriger avec le Nord. Obligé de réfléchir pour se diriger, tout dans le cerveau est à reprogrammer. 
Il suffit d’atterrir et tout de suite les gens savent vous montrer que vous êtes le bienvenu. La seule vue d’un papier écrit en français ouvre un grand sourire et la conversation peut commencer. Plus besoin de se forcer pour dire d’où l’on vient et qu’est-ce que l’on fait. Un scénario bien rôdé qui nous crée plein de liens nouveaux.
Et puis Christchurch est devenu un coin d’amitié, Dave nous a accueilli l’an dernier et des liens se sont noués. Nous lui avions promis de revenir, nous ne savions pas que ce serait si tôt.  Nous sommes heureux de l’avoir retrouvé.
Le temps de s’installer auprès de la cheminée et la vie s’est organisée. D’abord suivre l’actualité et donc trouver les billets pour voir jouer les Crusaders dans leur stade provisoire de tubes et de bois.
Pour suivre l’entraînement ce sera un peu plus dur, ils semblent vouloir être à huis clos. On commencera par les clubs mythiques le Hight School Old Boys. Le temps de laisser rentrer les collèges et je pourrai commencer des comparaisons entre Wellington et Christchurch. 
Vous aurez compris que le rugby que je décris est un faux prétexte pour décrire la vie d’ici. Je ne cherche en aucune façon à dénigrer ce que l’on fait. Je vois des choses et je les dit. J’ai toujours aimé ces paroles de JF Kennedy lors de son discours inaugural de Président des Etats -Unis : « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays ». 
Il faut cesser de penser que le monde nous doit quelque chose. Nous essayons de témoigner de ce que nous voyons ici, Françoise avec ses images et moi avec mes mots. Beaucoup d’entre vous y voient de la joie, du plaisir des rencontres. Mais cela va encore au-delà de ce que l’on peut vous montrer. Pourquoi je vous dit ça maintenant ? C’est cette ville qui veut cela, quand vous la voyez se redresser, rouvrir des échoppes, des magasins qui s’étaient écroulés, vous ne pouvez en douter, la vie a un sens pour chacun, à lui de le trouver.

C’est sans nostalgie mais dans le froid avant la pluie que nous avons refait le chemin qui nous avait tant marqué. L’herbe qui entoure la cathédrale au transept éventré ont poussé, les palissades ont été décorées.
Comme un pied de nez tout à côté une patinoire a été montée et elle est bien fréquentée. Les enfants sont en vacances et ils viennent en profiter. Cela nous fait penser qu’en un mois on a oublié l’été. Vous envoyer quelques photos en restant auprès du feu ne nous a pas dérangé.



















Plusieurs bâtiments importants sont terminés. Les architectes se sont démenés pour trouver de nouvelles idées. Avec l’acier, le verre est venu décorer les façades nouvellement montées. Le centre-ville reprend vie, autour des nouvelles constructions, alors le village de containers a perdu de sa vie. Quelques badauds emmitouflés prennent aussi des photos. C’est incroyable de pouvoir numériser l’espoir en vrai. Cette ville est riche de ce sentiment et cela en est poignant. 



 





Gare routière L'extérieur vaut l'intérieur.

















Tous les bâtiments n’étaient pas écroulés. Expertises terminées ils ont repris leurs activités. Ainsi vous pouvez vous trouver de petits coins secrets pour écouter de la musique et boire un pot avec les copains.
L’hôtel Heritage semble perdu 






De nouveaux cafés sont nés, ouverts éclairés façon food court de la modernité, avec un peu moins d’intimité. Pour sortir avec une copine que ne voudraient pas ses parents, ce n’est pas là qu’il faut aller même si c’est branché.





Le centre commercial de Christchurch se présente encore en petits îlots qu’avec un entrain permanent les ouvriers de chantiers s’échinent à relier. Bientôt ce sera fait. Wilson qui a laissé ses raquettes de tennis et ses clubs de golf pour permettre à son Staff d’investir dans les parkings et de vampiriser tous les espaces libres.… La voiture n’est pas prête d’être interdite à Christchurch. Vous pourrez vous garer avant de la visiter.

Un autre bâtiment dont la façade n’a pas changé, comme un clin d’œil de sa destinée : Le théâtre royal.  Façade victorienne a n’en pas douter et l’on s’est approché des grandes affiches des spectacles annoncés. Carmen était au programme. Nous sommes entrés acheter des billets. Ecouter Bizet, en Nouvelle Zélande qui parle de l’Espagne, pas de quoi rire quand on nous connaît, mais spectacle impossible à manquer.

 

















Pas de tenue de soirée, aucune valise ne le permet aujourd’hui, il faut voyager léger. Les compagnies laissent les billets pour se rattraper sur les à-côtés. Des dames étaient de sortie, robe de soirée, dos nus et décolletés. Le thermomètre vraiment déréglé. 


 
Orchestre philharmonique  de Christchurch.












Chef d’orchestre Slovaque (Oliver von Dohnànyi), une excellente Carmen géorgienne (Nino Surguladze), Escamillo (James Clayton) en toréador revisité à la voix superbe. Don José (Tom Randle) belle voix mais comédien un peu emprunté. Nous avons beaucoup aimé la fraîcheur et le jeu de Frasquita (Amelia Berry) et Mercédès (Kristin Darragh). Un spectacle de qualité que nous avons applaudi longuement. Mise en scène bien étudiée, décor minimal mais vu l’exiguïté de la scène, c’était très bien fait. 
Au cours de la soirée discussion avec nos voisins qui ont visité la France à plusieurs reprises, la dernière fois par le Canal du Midi. Lui jouait au rugby à Belfast N°8, pas moyen d'en douter. Nous irons les voir à Belfast pas loin de Mairehau où on a pris pension. Sacrée soirée du bout du monde. 

Michel Prieu
Facebook : Michel Prieu
Email : michelprieupassion@gmail.com
Blog Rugby: variationsetideesrugby.blogspot.com
Illustrations, Photos et Mise en page : Francoise Devillechabrolle
Email : francoise.devillechabrolle@gmail.com

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