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65 - Nouvelle Zélande tout en Complexité...

C'est la fin du voyage, une belle aventure riche de toutes nos découvertes. Nous vous avons montré tout ce qui nous a paru beau ou surprenant, pour un paysage, une rencontre. Nos coups de cœurs et nos surprises. Dans un tel périple on voit et l’on ressent. Mais à tout cela il y a un revers comme sur chaque médaille. Pour être justes dans notre information, nous devons en parler maintenant. 

Le rugby a été un fil rouge tout le temps et nous avons découvert un système, performant mais d’aucuns le trouve contraignant. Cela m’a déjà été dit, mais il est ainsi. Pour être franc, je n’ai jamais vu une seule entreprise performante sans contrainte permanente, un contrôle de tous les instants. Nous avons essayé de le montrer tel que nous l’avons trouvé, chanceux d’avoir vu s’ouvrir des portes que je n’avais à aucun moment envisagées. C’est en lui-même un système politique, poison et médicament en même temps. 


Depuis plus d’un siècle, le rugby de Nouvelle Zélande est sur le toit du monde et veut s’y maintenir, tout le travail à venir n’est pas simple, mais celui du passé mérite d’être présenté comme modèle d’efficacité. C’est un choix de dirigeant et d’un ensemble d’équipes de grande qualité. Je comprends le système, je sais ce qu’il génère en tout cas aucune indifférence. On est avec ou contre mais pas indifférent. Je suis avec, en sachant pertinemment qu’il ne pourrait s’appliquer nulle part ailleurs en l’état et surtout pas en France.
Dans le blog de rugby je me posais une question, si l’aura des All Blacks devenait ordinaire qu’adviendrait-il de ce beau pays ?

Tel que nous l’avons vu sa nature reste généreuse et ses paysages ont une lumière à nulle autre pareille. Nous sommes restés sur des espaces touristiques connus même si nous ne les regardons pas comme des touristes de passage. Nous aurions pu entrer dans les parcs nationaux et dans des zones encore plus sauvages, sur des territoires privés maoris en demandant les autorisations nécessaires. Mais ce n’est pas ce que nous avons choisi, nous voulons à chaque voyage rencontrer et apprendre des gens dans leur vie quotidienne.


Nous nous déplaçons avec notre miroir de comparaison grand ouvert, ce qui nous fait passer sans arrêt de l’instant présent au passé et tout d’un coup au futur. Nous nous embarquons en voiture avec nos dadas, nos idées fixes. Les premières qui concernent la Nouvelle Zélande sont l’écologie et l’agriculture.



Ce n’est pas en respectant les principes d’écologie que le pays est devenu ainsi. Ce qui semble être une réputation de pays vert le doit beaucoup aux protestations contre les essais nucléaires de la France dans le Pacifique. Je pense que c’était justifié, l’arme atomique est un vrai danger, même si d’autres applications nucléaires ont apporté de nombreux progrès à la société moderne. 
Le pays se veut strict sur ce point. L’arrivée dans le pays est soumise à conditions. Importer des produits naturels est sujet à contrôle sévère. Une pomme oubliée dans un sac peut valoir très cher, 400NZD pour être précis, sans compter la leçon de morale des agents de l’autorité portuaire. Une fois l’amende réglée, vous avez une autre manière de juger les situations que vous rencontrez.
Les premières furent dans les supermarchés. Où que vous arriviez vous avez des courses à faire. Vous êtes tout de suite confronté à la société de consommation que nous connaissons. Les pays qui ne la connaissent pas encore totalement, la veulent au plus vite. Vous êtes surpris de trouver encore des sacs plastiques et des tas d’emballages sûrement plus dangereux qu’une pomme. Le tri entre les ordures ménagères et le recyclage est en vigueur mais si vous vous voulez déposer des bouteilles dans un container de récupération, vous devez vous armer de patience ou demander à un cuisinier qui fume une cigarette entre deux plats pour les déposer dans ses poubelles.



Dans les zones de passage touristiques vous trouvez toutes les commodités fonctionnelles et en bon état de marche. Si vous sortez des circuits passants, c’est moins vrai. Certaines régions sont moins rigoureuses que d’autres, le tourisme est un avenir mais doit encore mûrir. 
En allant à la pêche un samedi matin près de Dunedin, des usines avaient craché si fort dans la nuit que la vallée était sous une chappe de fumée froide. Le nombre de voitures de grosse cylindrée est aussi une forme d’excès de consommation d’essence plus que de diesel mais l’on sait sa nocivité.
Cela nous permet de dire que la Nouvelle Zélande est une économie performante et des plus ouvertes du monde. Le modèle libéral est exploité à fond, je crois comprendre que tout y est à vendre.

L’activité industrielle du pays rapporte 23% du PIB et 20,3% de la main d ‘œuvre. Taux de chômage à 4,8 % ce mois-ci, en baisse de 0,1%.


Nous avons montré l’activité autour du bois. A l’origine, les premiers habitants ont commencé à défricher puis cela s’est propagé de manière endémique avec l’arrivée des colons. Les forêts natives ont été dévastées pour créer des pâturages. Devant la catastrophe nombre d’habitants ont réagi puis ont replanté des espèces à croissance rapide pour exploiter la richesse des sols et du climat. L’exploitation du bois est aujourd’hui un atout à l’export. Autour de 30 millions de m3 sont extraits chaque année dont 10 millions pour la Chine en forte augmentation.


La Nouvelle Zélande a fait un choix stratégique pour développer son agriculture pour le lait, premier exportateur mondial de lait (6,1% du PIB et 6,4%de la population active) et pour la viande. Les cours mondiaux sont en baisse depuis deux ans mais l’activité reste forte. Occasionnant des dégâts écologiques importants. 55% du territoire est utilisé par l’agriculture dont 90% par des pâturages. Du coup près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre est due au secteur agricole. 
Le contexte environnemental est encore maltraité avec les intrants de fertilisation, pour les prairies, les cultures, maïs d’ensilage en particulier. Les équilibres sont en train de changer dans l’élevage après que les vaches aient fait baisser le nombre de moutons relégués dans les zones moins fertiles. Les bovins sont en partie remplacés par l’élevage des cervidés qui se développe dans plusieurs régions. Recherche de la valeur ajoutée, diversification pour compenser les pertes de revenus du milieu agricole.



Point particulier pour la vigne qui elle aussi s’étend de plus en plus. Nous avons vu ces extensions dans toutes les régions que nous avons visitées. Certains de nos éminents vignerons ont envoyé des œnologues pour créer de nouveaux vins avec leur marque propre. Cette implantation peut leur servir de tremplin pour entrer d’une autre façon sur le marché asiatique.



Pour les fruits et légumes, la production vue la tête des produits au marché est loin d’être au standard bio. Kiwis et pommes en premier puis diversification avec les avocats, les agrumes. Les légumes sont produits pour l’exportation autant que pour la consommation intérieure. Commencent à se poser des problèmes sur la qualité de l’eau…Les mêmes pratiques produisant les mêmes effets, nous connaissons cela. Même si nous n’avons pas de trace de culture de plantes OGM, pour l’écologie donc le pays n’est pas champion du monde…
Pour ce qui concerne les parcs nationaux et les réserves nous sommes agréablement surpris par leur animation et leur entretien. C’est extrêmement agréable d’arriver dans un endroit perdu de trouver un parking, des commodités propres et en bon état avec des informations qui vous sont utiles. Les parcs ont un but, protéger des zones qui un temps furent menacée. Le pays doit encore faire des progrès pour mériter sa réputation mais des voix commencent à s’élever, on peut espérer


C’est une plaisanterie mais le kiwi, oiseau emblématique qui a donné son nom au fruit venu de Chine, nous est bien vendu alors qu’il ne sort que la nuit. Tous les programmes touristiques en parlent mais peu de monde en voit. C’est l’arlésienne du pays. Pareil pour les phoques, lions de mer, pingouins bleus ou albatros. Selon l’époque de l’année ou la malchance pour les apercevoir il vous faudra payer assez cher pour les trouver. 



Les prix d’Auckland sont bien plus élevés qu’ailleurs. Aujourd’hui un maillot de All Black était proposé à 150 NZD alors qu’à Dunedin et New Plymouth il était à 104 NZD. C’est sans doute indexé sur le prix de l’immobilier à moins que les All Blacks jouent une fois et demi mieux qu’à New Plymouth contre l’Afrique du sud samedi prochain. Le commerce a le don de m’énerver, je vieillis sans doute mal. Tentez le coup de trouver pour vos achats un petit marché dans le coin, tenu par un Chinois, ce petit effort vous rapportera.

Pour le prix de l’immobilier, les Néozélandais se plaignent beaucoup de l’effet immigration sur ce secteur d’activité. Le prix des maisons à la construction a plus que doublé en quelques années. Nous avons vu qu’à Wanaka en plus du froid, les employés maoris sont partis de la station. Hélas il n’y pas que là où c’est le cas. A Auckland cet après-midi sur Queens Street les passants étaient en majorité indiens, pakistanais et asiatiques. Vous saurez que pour choisir un parapluie cela se fait au poids, conseil du patron chinois d’un magasin de souvenirs. Merci à lui, Françoise n’a pas acheté de parapluie.
Particularité de l’immobilier, la vente est aux enchères. C’est semble-t-il le dada des Néozélandais, il y a même une émission de jeu qui le met en scène. Entre coupé de spots publicitaires difficiles à regarder. La culture n’est pas télévisée. On peut se plaindre de celle de France mais elle est de meilleure qualité ; des chaînes s’occupent encore de l’intelligence des gens, trop court le temps ici pour juger vraiment, on n’en a pas trouvé. 
PARLONS EDUCATION ET ECOLES
L'enseignement néo-zélandais repose sur le bien-être des enfants, l'épanouissement personnel et l'expérimentation plutôt que sur des connaissances obligatoires. Son organisation a été modifiée en 1990.  Le système d’éducation Néozélandais est certainement le plus libéral du monde. Grande différence donc avec le système français basé sur les connaissances, la gratuité… très compliqué à résumer !

L’organisation des cours durant l’année scolaire (entre Février et décembre) du système anglo-saxon : Ecoles non mixtes, cours le matin, activités l’après-midi encadrées et à l’école. Forte implication dans la vie de l’établissement. Jusqu’au secondaire écoles publiques et privées. 
Le système d’enseignement public est financé par des fonds publics (autour de 20% du budget de l’Etat) mais aussi beaucoup par des fonds privés et des « dons » des parents.
Pas de crèches publiques mais les privées se développent dans les villes comme dans les villages. Cela fait qu’avec des enfants en bas âge beaucoup de dames ne travaillent pas ; celles que l’on voit dans les parcs faire du sport en poussant un landau (je plaisante à peine).
Entrer à l’école se fait par tranche d’âge et seuls l’anglais et les mathématiques sont obligatoires. Chaque élève va choisir les matières qu’il veut étudier dans un catalogue des possibilités présenté par l’école.
En primaire les élèves sont assez rapidement classés par groupe de niveau et le maître distribuera des travaux selon le niveau. Ce qui est bon pour les élèves studieux mais n’incite pas les plus paresseux à se motiver pour progresser.
Les activités extérieures de découverte, d’apprentissage par des visites (beaucoup d’enfants dans les musées) culturelles et des activités sportives sont privilégiées. Chaque école a des équipements conséquents, stades engazonnés, gymnases voire piscines… 


La vie des néozélandais est flexible, l’école aussi. Les écoles privées ont bâti une part de leur notoriété sur une éducation plus stricte parfois, plus sélective (vous les reconnaissez à l’uniforme des enfants). La concurrence entre les écoles est très sévère. La vie de l’école est plutôt intense pour attirer parents sponsors et élèves. Le financement se fait selon le nombre d’élèves et selon les résultats à l’examen national de fin d’année. Selon la loi du marché (le modèle politique de la Nouvelle Zélande est libéral) implique une recherche de qualité et d’innovation. Ce sera source d’inégalités sociales et ethniques. Notre système d’éducation républicain d’égalité a-t-il réglé cette situation ?



Autonomie complète des établissements, pas de carte scolaire (choix libre de l'établissement scolaire), gestion des établissements primaires et secondaires par un conseil d'élus par les parents d'élèves.
Les langues de la Nouvelle Zélande sont au nombre de trois, Anglais, Maori et langage des signes. Le modèle social fait une grande place au handicap. Le problème linguistique est très complexe en Nouvelle Zélande. Les personnes pouvant se réclamer de plusieurs courants entre européens, maoris, asiatiques, indiens, polynésiens…tous multiples !
Apprendre et pratiquer plusieurs langues en même temps (une ou deux dans la famille et une ou deux à l’école) pose de nombreux problèmes pour les enfants. C’est vrai en France pour les immigrants mais nous avons surtout vu les conséquences au Maroc. Dans les classes supérieures où aujourd’hui les cours peuvent être dispensés en langue étrangère (non obligatoire dans le pays), les étudiants sont alors en grande difficulté.
Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus, suite empruntée à Frog-In-NZ, agence spécialisée locale française efficace :
« En Nouvelle Zélande, l'anglais est obligatoire de la maternelle à l'université. Les Maoris peuvent recevoir un enseignement dans leur langue à la maternelle et au 1er cycle du primaire (year 1 à 3 : les trois premières années de l'école primaire), mais les écoles maories sont très rares et concentrées dans les régions où la minorité se trouve la plus nombreuse. De plus, le manque de professeurs (seulement 4% de maoris) capables d'enseigner cette langue rend l'enseignement du maori peu accessible.
Les élèves dont la langue maternelle est l'une des langues polynésiennes ou une langue d'une autre communauté ont également la possibilité d'utiliser leur propre langue dans le cadre de leur scolarité. 
Au collège, il n'y a aucun cours en langue maorie, à part bien-sûr lors de la matière : «Maori» (qui est facultative). Les professeurs sont libres toutefois de donner des cours sur la culture et l'histoire maorie.
Le système établi en Nouvelle-Zélande vise moins à assurer la survivance de la langue et de la culture maorie qu'à promouvoir une éducation bilingue transitoire afin que les maoris puissent s'intégrer à la majorité anglophone du pays.
La particularité du système éducatif réside dans le mode de gestion des établissements scolaires. Le comité de direction comprend le directeur de l’établissement, une représentation de parents, d’enseignants et de membres de l’administration. Le ministère de l’éducation chapeaute ces structures éducatives et veille à la qualité de l’enseignement prodigué tout en laissant une grande marge de liberté. 

La seule contrainte des établissements est de mettre en œuvre leur programme en tressant un ensemble de concepts communs à toutes les écoles appelé Te Whariki, destiné à promouvoir le développement de l’enfant et l’engager dans une relation familiale et communautaire à travers des expériences éducatives basées sur l’exploration, la communication et le développement de la confiance. 

Te Whariki est en lien direct avec la philosophie, la culture et l’art maoris (flax craft), dans lesquels les sentiments de communauté, d’appartenance à la nature et d’interdépendance sont très prononcés. 
Si culture et langue maories sont enseignées de façon optionnelle au niveau secondaire, de nombreuses écoles primaires l’introduisent entre 3 et 12 ans sous forme de chansons, de contes, de poèmes, ou encore par l’apprentissage des couleurs, des nombres, des jours de la semaine. »




VIE SOCIALE VISIBLE ET CACHEE
Notre ressenti après nos rencontres et nos découvertes est en lien avec ce qui précède. Vous avez remarqué la vigueur du haka. Les joueurs maoris sont nombreux à jouer au rugby (ils jouaient au ballon bien avant que les anglais n’abordent les deux îles), comme je vous l’ai précisé leur adresse, leur vivacité, leur art du combat sont des atouts que les entraîneurs ont su utiliser. La philosophie maorie a été adoptée par une partie des familles européennes arrivées dans le pays. Ce clivage latent existe dans chaque pays colonisé. Des colons arrivent pour tout s’approprier d’autres pour s’adapter. Les indigènes trouvent à coopérer et d’autres à penser qu’ils ne sont que spoliés. Nous en sommes toujours là. Notre constat : les deux communautés se côtoient mais ne s’intègrent pas, nous connaissons cela et notre référence est celle que nous avons vécue au Maroc.
Nous avons sillonné le pays et dans nos rencontres nous avons rencontré beaucoup de « métis ». Leurs aïeux se sont mariés avec des maoris adoptant de fait la double culture. Ce sont eux qui nous ont appris l’histoire des deux communautés avec le plus de sensibilité et de vérité. Je suis sensible au mode de pensée aborigène et maori pour leur mythologie. Pour leur capacité à penser par images pour inculquer les valeurs fondamentales de la vie à leur communauté. Cette imagerie mentale donne des récits fantastiques et des créations artistiques originales qui me rappellent la mythologie grecque qui a créé notre civilisation européenne. 
Les réunions du marae et celles du forum ne me paraissent pas si éloignées. Quant à l’imagerie mentale, elle me sert à visualiser plein d’activités qu’ensuite j’ai envie de réaliser.
L’influence de l’esprit Maori nous semble-t-il est forte, pour la simple raison qu’il est à l’origine du pays. Chaque portion de terre et d’eau, les arbres et les ruisseaux en sont remplis. Le bruit de nos activités modernes nous le fait oublier mais c’est un fait. C’est un pays maori, comme il y a un pays pyrénéen, béarnais, basque ou breton.  
Sa mise en scène contestée par une minorité toujours active côté maori comme côté européen. Le traité de Waitangi n’est pas réglé pour toute la communauté des maoris et des colons nouvellement arrivés pensent qu’il n’aurait jamais dû exister. Polynésiens et Asiatiques ont aussi sans doute leur idée. En tout cas ils cherchent à se la faire car nous en voyons beaucoup dans les musées.
A l’accueil en maori des étrangers qui viennent défier les All Blacks vous entendez des sifflets, des réflexions. Dans les conversations vous entendez aussi des histoires de tensions.
C’est aussi sensible en économie, une hiérarchie s’est établie au cours de l’histoire, les européens organisent et les maoris exécutent. C’est simpliste sans doute mais cela se vérifie dans les conflits sociaux et les crises passagères de l’industrie. Les maoris conservent au fond d’eux le fait que les colons leur ont volé ce qui leur appartenait. Les guerres et les révoltes ont fait couler beaucoup de sang. Le maori avait une tradition orale et les anciens régulièrement racontaient les belles histoires et les drames. Les vengeances étaient préparées volontairement ou pas (on ne sait jamais ce qui se passe dans la tête des enfants quand ils écoutent les grands) dans les réunions du marae. Les premiers villages ne se sont pas fortifiés par hasard. En devenant plus nombreux, pour lutter pour la nourriture ou les terres, les guerres intertribales étaient très nombreuses. Les guerres face aux colons suite aux spoliations ont forcément laissé encore des traces, elles ont moins de 150 ans.
Ces tensions existent encore et le rugby sert à les contenir. Le pays est derrière son équipe phare parce qu’elle donne un sens à la vie de Nouvelle Zélande. Elle permet au pays d’exister sur l’échiquier mondial et chacun s’y reconnait selon son éducation. Dans les tribunes du stade, dans les journaux, à la télévision c’est facile à repérer ? les gens qui sont grimés ont toutes les origines du pays. Avec le rugby au Zenith comme il l’est, le gouvernement a la paix sociale, abrupt mais je le crois. 
Le mode d’éducation crée des inégalités où il nous semble que les maoris n’ont pas tous pris le train qui leur est imposé. Seulement une minorité d’entre eux a su prendre une part de ce qu’apportaient les européens. La flexibilité de l’éducation que nous avons esquissée demande des efforts importants pour atteindre un bon niveau de compétence pour vous permettre de vivre plus libéré. La vie des familles maori fait que peut-être c’est plus difficile pour elles d’intégrer le modèle social qui leur est proposé.
L’arrivée massive d’immigrants a réduit encore des possibilités. Tongien, Fidjiens, asiatiques de tous poils, indiens ou pakistanais ont pris des places dans les métiers de service et de la fabrication, apportant une contrainte supplémentaire aux gens d’origine maorie qui n’ont pas le bon niveau d’éducation. Nous avons entendu des plaintes sur la capacité des asiatiques à s’implanter puis à prendre toutes sortes d’activités. A Wellington c’est l’attitude des musulmans qui commence à être stigmatisée.
A Auckland en plein hiver et dans l’après-midi toutes les ethnies du monde sont à déambuler, les européens en minorité. Chacune a ses propres visées, je pense que le gouvernement doit être en difficulté pour harmoniser la vie sociale du futur malgré tout ce qui est déjà mis en œuvre. La vitesse du changement du monde aujourd’hui de doit rien faciliter.
Au cours de notre périple nous avons roulé en toute sécurité, pourtant dans les journaux la violence de la société est sans cesse pointée. Les gangs s’affrontent dans tout le pays. La violence faite aux femmes est rapportée chaque semaine. Les gangs existaient dans les communautés maories. Trafics et pillages étaient une autre forme d’agressivité. Des alliances se jouaient sur ce terrain-là. Cela n’a pas cessé. Avec l’arrivée de l’alcool et des drogues cela est devenu encore plus important. Cette violence du quotidien est présente ici aussi. 
Nous avons dit que le pays cherchait des compétences et les accueille ouvertement. Nous avons montré que les universités formaient sur tous les sujets de société mais pas toujours avec le degré de compétence suffisant. De nombreux jeunes gens partent du pays pour compléter leur formation et beaucoup ne reviennent pas.
Le monde est un grand village et un terrain de jeu sur lequel les jeunes peuvent aller et venir à leur gré. Un choix, une responsabilité qu’il faut tester pour ne pas avoir de regret.

Ces impressions (sensibles mais superficielles) ne gâchent en rien la beauté de ce pays et la douceur de vivre qui s’y est établie. Sa nature est généreuse entre soleil et averses elle sera toujours verte. Le sourire des gens dans la rue n’est pas toujours présent, mais dès que vous êtes arrêté pour chercher votre chemin quelqu’un spontanément vous propose de vous aider. Cette attitude n’a pas de prix.
Si comme moi vous aimez le sport et le pratiquer vous serez comblé. J’aime la flexibilité du système qui régit la vie ici. Il est d’une grande exigence, le secret pour s’en tirer c’est d’acquérir la compétence dans ce que vous aimez. C’est vrai dans tous les pays, je peux témoigner, les « indigènes » de toute couleur ne s’en rendent pas forcément compte. 
Nous avons écouté certains juger sévèrement leur système de vie. Chef d’entreprise j’apprécie la performance de l’industrie. 4,7 % de chômage cela se respecte aujourd’hui. Des petits métiers existent encore et permettent de vivre de se respecter au lieu d’être assisté. Un équilibre est à trouver pour partager, je crois toujours que c’est possible même dans la philosophie libérale. Vaste sujet.



Certains néozélandais m’ont dit qu’ils nous enviaient pour notre rigueur cartésienne, notre façon de cuisiner ou de débrouiller un problème. Je leur ai dit qu’ils avaient chez eux ce qu’ils appréciaient chez nous : le système qu’ils ont inventé pour dominer le monde du rugby pourrait être appliqué à tous les domaines d’activité qu’ils ont envie d’améliorer.
Ce pays est multiple et c’est sa diversité qui en a fait sa flexibilité. Dans le monde moderne c’est une chance d’en être à ce stade. Il reste que pour demain les choses changent tellement vite que pour inventer le futur des enfants il faut le monter en épingle et le vendre à toutes les familles : c’est l’éducation qui sauvera le monde, marier deux systèmes pour y arriver, de la flexibilité, préparer les enfants à avoir des projets et des connaissances pour pouvoir les réaliser.



Cette dernière page se ferme, j’espère que vous avez compris pourquoi on est venu ici et que sans doute on reviendra !

Michel Prieu
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Illustrations, Photos et Mise en page : Francoise Devillechabrolle
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