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38 - INVERCARGILL-BLUFF

Nous avons quitté les Alpes de l’île du Sud pour tomber dans la plaine qui mène à la mer et à Stewart Island autour du 46ème parallèle…pour un mec des Pyrénées quel voyage, un rêve de gosse devenu réalité, une vie de privilégié.


A peine les valises posées chez Ibis pour changer, il restait du temps pour flâner. Surprenant l’hôtel du groupe hôtelier français, il est sous forme de studios, petit déjeuner compris mais pas de restaurant, par contre kitchenette bien équipée. Un concept que l’on n’avait encore pas rencontré.






Invercargill est très particulière très étendue, à plat un peu plus de 50000 habitants, une des grandes villes les plus australes, juste au-dessus de Ushuaia ou de Punta Arenas. C’est toujours le bateau qui me donne ces repères. Les quarantièmes rugissants ou les cinquantièmes hurlants des épopées de Eric Tabarly et de ses copains solitaires m’ont toujours intrigué. Et voilà que j’y suis presque sur une mer calmée… 
La ville est très bizarre. Elle a des styles différents, Renaissance anglaise, victorien et des choses qui ne ressemblent à rien. Ce qui peut surprendre le béotien ce sont les couleurs des immeubles même mitoyens. L’impression qu’il n’y a pas d’unité de pensée pour créer un plan urbain équilibré. 

Signe particulier, des parapluies oeuvres d'art sont disséminés dans les rues, comme pour nous alerter d'une possible averse... Pas très encourageant pour des vacanciers.

C'est juste le symbole de la cité.



Cela me ramène à l’envie de pêcher. J’ai besoin d‘une licence et le magasin n’est pas très éloigné. Une occasion d’arpenter la ville qui aujourd’hui est ensoleillée. Françoise à tout étudié et normalement il aurait dû faire froid, nous sommes bien couverts. Mais on passe dans des galeries commerciales qui traboulent comme au Québec. En commençant je vous le disais, nous sommes privilégiés.
Je cherchais un magasin et nous avons trouvé un super marché. Je connais bien le magasin de Donzère mais ici l’espace est plus que triplé. Vous y trouvez tout pour attraper le poisson de mer ou d’eau douce mais vous pouvez aussi nourrir le pêcheur, l’habiller, le botter et le loger. Quand vous avez fini vous pouvez vous occuper aussi de chasser, à ce sport je ne me suis jamais fait.













Une dame charmante m’a licencié exactement comme je voulais, elle m’a orienté, donné tous les cours d’eau autorisés et je me suis dit qu’il faudrait regarder la météo pour m’équiper. Bien m’en a pris, au lever du jour, il devrait geler, fort… Bon, il fera soleil, je me couvrirai.

Nous avons laissé les arcades du carré qui se veut centre-ville pour aller vers un lieu sacré, celui où l’on fabrique l’eau. La Nouvelle Zélande est un pays d’eau mais comment au milieu de cette immensité d’eau salée trouver de l’eau douce en grande quantité ? Le château d’eau ancien a l’usine à ses pieds depuis 1888. L’édifice est plus remarqué que les églises pas loin du quartier…




Françoise n’était pas décidée à s’y aventurer, alors je lui ai dit que c’était à peine un par cinq, sauf que quelques mètres après elle avait vérifié que pour la première fois en street-golf, elle jouait un par 7.  Finalement pour un type du sud, je n’avais pas exagéré. Sud de la France car je vous l’avais déjà signalé les gens d’ici sont super sympas mais n’exagèrent pas. C’est le Sud du Globe, ne nous y trompons pas !

En passant nous avions repéré une brasserie artisanale, toujours intéressant à connaître et des fois déguster. La jeune dame qui nous a reçu a fait sans doute école de commerce, alors elle nous a vendu le fruit des réflexions de ses maîtres brasseurs. 






Nous sommes repartis avec quatre pichets que nous avons dégusté en secret, sans pouvoir commenter. 







Le lendemain le réveil a sonné, le jour n’était pas levé. Heureusement la voiture était abritée. A peine sorti du garage j'ai vu que celles qui était dans la rue étaient toutes blanches d’une épaisse gelée. J’étais équipé au complet, il ne me manquait que le thermos de café.

J’ai passé sans le regarder le pont de la Makarewa River pour traverser Wallacetown et arriver à Orieti River. Le jour était à peine levé et c’est à peine si j’ai osé pêcher. J’ai mis des gants ce qui ne m’était jamais arrivé, comme quoi vieillir ne doit pas réchauffer le sang. Au troisième lancer le fil était gelé, l’intuition que je n’allais rien voir de la matinée s’est imposée. A quelques distances  trois jeunes gens ont tenté, mais ont vite abandonné.

La rivière est superbe, profonde pour cacher des bêtes bien en chair qui doivent se bagarrer mais à mon tour j’ai laissé tomber. Je me suis promis de me venger le soir tout en regardant le soleil commencer à chauffer. Une belle journée commençait, il fallait en profiter. En rentrant j’ai pris la précaution de mieux regarder Makarewa River, elle m’a plu c’est vers elle que je reviendrais. 

Dix heures du matin n’avaient pas sonné que je prenais déjà un café pour petit déjeuner. Ce n’est pas du bluff, j’aurai bien continué à lancer mais franchement j’étais gelé et Françoise tenait à vérifier nos réservations pour le ferry vers Oban, justement à Bluff. Impossible de l’inventer, la pointe de l’Ile du Sud est un pari pour l’éternité.

Comme souvent en cherchant nous nous sommes trompés de route et avons atterri sur le port de pêche et de commerce. Le temps de rebrousser chemin sans faire de bouchon pourtant il y a de la circulation. La zone est active entre les usines de bois, celle d’aluminium sans oublier le poisson. Le port est très actif, ses bateaux partent vers tous les continents.



Au terminal du ferry, pas loin de ce qui veut être le centre-ville, nous avons été reçus comme si nous étions les rois de l’humanité. Une dame d’une gentillesse qui vous donne envie de l’embrasser. Attentive à bien articuler pour que de pauvres français puissent tout capter. Du coup on en a profité pour tout se faire détailler de la vie sur Stewart Island et lui demander des tuyaux pour déjeuner.
Renseignements pris, nous sommes partis vers Stirling Point, le début de la route nationale 1 ou son terminus, au pied de Oyster Cove, midi n’avait pas sonné. En levant le nez deux antennes hérissaient un sommet, Bluff Hill, ancien volcan poussé là un jour pour protéger le port et la ville des vents violents venus de l’ouest. Pour l’apéritif on s’y est engagé. 

 Parfois l’apéritif c’est compliqué, après l’effort impossible de manger. Le chemin vers le sommet de Bluff Hill, facile à repérer jadis par les chasseurs de baleines est de toute beauté. Dans le bush encastré vous arpentez des chemins souples et bien gravillonnés et tout d’un coup des escaliers pour vous faire suer. 







De temps en temps vous vous arrêtez, pour discuter avec un oiseau, à moins d’un mètre de vous il ne s’est même pas envolé. Pour vous distraire vous pouvez aussi compter les pièges pour éliminer les prédateurs qui ont été importés. Le pays lutte contre les animaux afin de tenter de retrouver la biodiversité d’avant l’arrivée des colons étrangers. Cela donne une activité à nombre de personnes qui sans cela s’ennuieraient. Beaucoup de bénévoles œuvrent ainsi aux côtés des rangers qui entretiennent les parcs que l’on vient visiter.



































Sur toute la montée les verts nuancés vous permettent de penser. Cette nature luxuriante paraît inespérée. Elle tempère la montée, les touées de soleil alternent avec le sombre des zones d’ombres où  vous pourriez geler. Plus on monte et plus …, il fait frais !


Arrivé en haut vous comprenez mieux pourquoi vous êtes monté, bien sûr, vous avez croisé pour moins vous ennuyer les vestiges des postes de vigie des soldats de la guerre contre les japonais. Poste d’observation et poste de défense qui permettaient de donner les alertes pour protéger les villes plus importantes.
La tour du sommet vous permet de tout admirer. La plaine dans son entier, les champs d’éoliennes pour l’électricité, la ville, le port et Tiwai l’usine d’aluminium qui a son propre port en eau profonde pour l’alimenter en bauxite. L’usine a commencé sa production en 1971 et 90% de sa production est exportée.







Françoise était fatiguée mais s’est remotivée à la pensée que le vrai apéritif attendait en bas, il fallait retourner, presque plus rien à monter.




Oyster Cove est tout neuf, design éclairé pour vous permettre de déjeuner et d’admirer les îles à portée. L’ancien restaurant a brulé. Vite installés nous nous sommes jetés sur les huîtres au naturel proposées et un saumon grillé, le poisson roi du Mont Cook. 
Je vais faire crier des chauvins mais les huîtres de Stewart Island sont les meilleures du monde. Des huîtres de pleine mer (presque) sauvages, comme nous en avons déjà trouvées en Grèce. Des huîtres plates avec coquille épaisse et nacrée que les artistes maoris aiment sculpter. La ferme ostréicole conserve les huitres à la vente tandis que les champs d’engraissement sont dans les profondeurs de Deep South.







Le meilleur déjeuner que nous ayons fait en Nouvelle Zélande depuis que nous la connaissons. Nous avons fait féliciter le chef de cuisine. Si vous venez, ne passez pas à côté. Nous n’oublierons pas de remercier la dame qui nous a indiqué l’adresse pour sa qualité.

Avant de repartir petite pensée pour nos lecteurs du monde entier, sur cette pancarte il n'y a pas Paris, tant pis on  y a pensé quand même.



Des algues qui pourraient vous enlacer...



A peine rentré je suis reparti pour la rivière que je m’étais promise. Festival d’après-midi dans une rivière comme on en trouve en Bretagne ou en Normandie. Une eau puissante, profonde qui pourrait vous noyer si vous y tombiez. Mais les truites ne m’ont pas boudé. Trois prises entre 25 et 30 cm. Au milieu des champs dans les gorges creusées par la rivière. Difficile à approcher de l’eau, heureusement elle était mâchée…



Pour couronner le tout, beau coucher de soleil pour avoir pensé à venir la visiter. La nuit tombait, j’étais complètement crotté, dans les contreforts plusieurs fois j’avais glissé. Prendre une truite et la remettre à l’eau sans l’avoir blessée, un moment de plaisir à renouveler, des belles histoires aussi à raconter.

Michel Prieur
Michel Prieu
Facebook : Michel Prieu
Email : michelprieupassion@gmail.com
Blog Rugby: variationsetideesrugby.blogspot.com


Illustrations, Photos et Mise en page : Francoise Devillechabrolle
Email : francoise.devillechabrolle@gmail.com






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