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41 - STEWART ISLAND : Ulva Experience

Notre taxi flottant.



Une île peuplée par les oiseaux, presque jamais habitée par les hommes, dans le monde d’aujourd’hui vous imaginez… Nous venons de partir pour la visiter. 
Bateau promenade au chômage pour l'hiver.
Nous vous avons déjà dit combien nous sommes surpris de trouver une végétation luxuriante, des rivières pleines de poissons, une mer profonde qui ne rugit même pas. Nous vous avons glissé combien le pays fait attention à retrouver sa biodiversité alors que d’un autre côté il ne peut me raconter que c’est bien d’élever des animaux en grande quantité. 

Le ciel nous salue bien bas.
Arrivée en douceur
Je connais la grande culture pour y avoir sévi durant quelques années et les méfaits apportés par les grandes firmes comme Monsanto et Bayer pour alimenter des machines à sous de Nestlé, Danone ou Coca Cola qui peuvent nous empoisonner. Ce cercle nous l’avons inventé mais pas pour que l’on soit en bonne santé, pour une autre finalité. Un cercle vicieux qu’hélas tous les pays du monde souhaitent généraliser. Je ne pourrai rien y changer.
J’en étais à ces réflexions quand le soleil se levait donnant un spectacle de toute beauté alors que les messages annonçaient les attentats de Barcelone et de Cambrils. Les journaux ont de quoi s’occuper mais on sait déjà que nous ne ferons rien pour éviter d'autres exactions.
C'est parti pour une randonnée de 2 ou 3 heures sur des sentiers
 toujours aussi bien tracés.
Autant dire mon humilité quand ce matin, sans le ticket que j’avais oublié, j’ai voulu monter sur le bateau taxi qui faute de laisser-passer ne m’aurait pas permis d’embarquer. Enfin cela s’est arrangé, le téléphone a fonctionné pour vérifier que je ne voulais pas resquiller. Avait-il compris que j’étais français ? Parfois dans ces contrées certains de nos penchants ne sont pas appréciés.

Une belle plage blonde comme les blés.
Le bras de mer vers Ulva Island n’est pas si long, un rat pourrait tenter de nager pour y trouver refuge. Ce n’est pas autorisé, vous êtes invité à vérifier vos sacs et prendre vos responsabilités pour ne pas en transporter. La dératisation de l’île a pris quatre années (1993-1997). La lutte ne s’est pas relâchée cependant. Avec le recul maintenant la Direction de la Conservation a des résultats des plus encourageants pour retrouver un cycle de vie équilibrée sur cette île protégée.


Petite grimpette vers un promontoire  pour admirer l'océan...
Mais surtout voir encore tous les verts de la canopée du bush.


Ici toutes les plantes sont précieuses même les
plus petites.Celle ci à des feuilles de 2cm à peine...












Le premier habitant de l’île était botaniste et avait un grand respect de la nature. Avec sa femme et leur fille ils sont arrivés sur l’île en 1872. Ulva Island est la première île de l’archipel à avoir été protégée en 1899 au titre d’une loi de 1892 sur la conservation du territoire.

Stoïque sous le grain...
Il faut dire qu’avec l’arrivée des colons la Nature Néozélandaise déjà maltraitée par les maoris n’allait pas sans loi retrouver un meilleur état. La déforestation avait fait ses ravages, les importations d’animaux domestiques et sauvages allait finir de détruire la flore et la faune d’origine. Heureusement des hommes et des femmes clairvoyants étaient aussi parmi les migrants. C’était le cas de Charles et Jessie Traill. 
Ulva Island est l’exemple de ce qui pourrait être fait pour tenter de sauver ce qui peut l’être encore sur notre planète. Prélever ce qui doit l’être mais mettre en place un cycle qui permet de renouveler la richesse qui nous est cédée. Il y a parfois des règles simples à appliquer. Au Maroc pour la Palmeraie si un palmier doit être coupé pour faciliter la vie des hommes trois doivent être replantés.
Ulva protégée depuis longtemps est un peu éloignée des grands courants touristiques mais un effort particulier pour la dératiser porte aujourd’hui ses fruits. Les rats mangeaient les graines qui tombaient des arbres, les œufs et empêchaient une reproduction naturelle de la végétation et des espèces volantes. Sans compter que les rats attiraient d’autres prédateurs qui mangeaient les oiseaux et leurs œufs. Un équilibre nouveau s’est rétabli et l’île présente aujourd’hui une exceptionnelle image de la Nature.

Les arbres craquent de santé et pourraient vous en donner à condition de bien vouloir les embrasser. Le hug des néozélandais n’est rien d’autre que ça, une tranche d’énergie quand ils rencontrent un ami. La rencontre avec un arbre est du même acabit. 

Petit tour a Sydney Cove puis à Flagstaff Point où M. Traill mettait son drapeau pour que tout le monde apporte son courrier. Il avait simplement inventé le moyen de créer du lien social, l’email a tout gâché. Il donne des nouvelles sans jamais se rencontrer.
Je suis à moins d'un mètre de lui.

Dans le sentier qui mène à Boulder Beach nous avons rencontré les oiseaux chargés de faire la publicité de l'île. Ils sont d’une humanité peu coutumière, ils viennent manger presque dans vos pieds. Ils doivent savoir qu’ils sont protégés mais veulent que vous leur parliez. C’est ce qu’on a fait sans les empêcher de manger. 



Oiseau réputé sauvage....

Voyez comment fait le weka :  https://youtu.be/hYgjpxbTx8M


Vous êtes témoin, il mange comme un cochon et en met partout !!!!
Et bien maintenant c'est comme ça qu'on les repère,
quand il y a des brins de mousse sur le chemin, c'est qu'il y a un Weka dans le coin...

Je voulais tenter de pêcher mais comme je vous l’ai dit quand j’ai vu les champs d’algues géantes le long des rochers, j’y ai renoncé. Il faudrait un canoë pour tout apprécier, d’autant que nous ne voyons aucun poisson dans les eaux claires des baies. Une algue est échouée sur la plage, j’ai essayé de la mesurer…












En circulant dans le bush les arbres sont enchevêtrés. Certains énormes et d’autres tout petits. J’aime bien imaginer que ceux qui sont torturés ou difformes , parfois brisés représentent la misère des hommes perdus dans le monde civilisé, cette autre jungle difficile à cerner.

Heureusement à d’autres endroits l’espoir revient en voyant des essences mêlées qui se donne un coup de main pour prendre le soleil. Certaines plus fragiles sont soutenues par de plus fortes.

Dinosaur plant...Tmesipteris....
La fougère est l’emblème du pays. C’est qu’il y en a ici qui sont plus vieilles que les dinosaures. Maintenant que les rats ne sont plus là, elles peuvent se multiplier en toute liberté. Ce qui fait que vous pouvez passer sur un pont et admirer une cascade de fougères.










Un peu plus loin vous découvrirez l’hôtel du weta. Insecte qui est ici endémique qui ressemble à un criquet (il y en a 70 sortes différentes) et colonise les arbres jusqu’à les grignoter en entier. Il opère surtout la nuit pour son travail d’éboueur.



Et voilà le boulot !!!









Durant deux heures nous avons une fois de plus éprouvé une grande émotion, ce n’est pas rien depuis notre initiation à Grand Canyon où tout d’un coup vous prenez conscience de la présence de la Nature. Nous faisons partie d’elle et dans nos cités , dans la vie de tous les jours nous l’avons oubliée, nous avons du mal à comprendre qu’il faudrait s’en a soucier au lieu de la piller.












Elle sait qui vous êtes et vous surprend chaque fois qu’elle le peut. A Ulva encore une fois elle nous a accompagnée. Elle a dit aux oiseaux que nous n’étions pas des prédateurs, le gros perroquet gris (Kaka) ne s’est pas échappé, son compère vert (le Karariki) non plus. Le weka a continué de manger, le Tomtit (ngirungiru) a fait le beau tandis que Tui contait florette de sa plus belle voix à son amie qui ne l’écoutait pas.





















Vous sortez des sous-bois de Ulva reposé même si vous avez marché et même en reprenant le bateau, dame Nature ne vous lâche pas. Le mur de rocher à côté du wharf est à lui seul une peinture préhistorique. Et pour vous remercier d’être passée dans l’écume vous glisse un dernier clin d’œil en  forme d’arc en ciel vous surprend.










Michel Prieu
Facebook : Michel Prieu
Email : michelprieupassion@gmail.com
Blog Rugby: variationsetideesrugby.blogspot.com

Illustrations, Photos et Mise en page : Francoise Devillechabrolle
Email : francoise.devillechabrolle@gmail.com

3 commentaires:

  1. ..."La nature Néo-Zélandaise, déjà maltraité par les Maoris"...?? Peux-tu développer..
    Merci, André.

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  2. Bonjour André, ce sera l'objet d'un chapitre plus tard, dans une semaine nous serons chez eux. Mais les maoris première génération avaient besoin de manger et de se loger alors ils se sont servis des animaux et de la forêt surtout quand les tribus sont devenues nombreuses Tu verras quelques photos significatives au Musée de Stewart Island. Puis ils ont cultivé créé des champs...Pour les animaux ils ont introduit le chien et le rat (souris polynésienne) qui font aujourd'hui encore des ravages. Leur lutte (gouvernement et privés confondus) est une chasse systématique pour conserver des équilibres surtout chez les petits mammifères. L'arrivée des colons n'a rien arrangé mais ils ont organisé un peu partout. Les arbres importés se sont multipliés créant un bush...métissé. Regarde la page du Musée Te Tapa il y trois planches sur la déforestation. Bonne journée.

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  3. Sur ce que je connais de l'histoire du monde et des relations entre les "indigènes" et les "colonisateurs", j'ai bien l'impression que les premiers vivaient en une relative harmonie avec la nature contrairement aux seconds qui en tiraient plutôt parti; voir, par exemple, le cas des Bisons en Amérique du Nord et le comportement des Indiens en regard de celui des arrivants Blancs! Et puis, les moyens, le matériel, les méthodes d'exploitation n'ont aucune commune mesure d'un côté et de l'autre.
    Alors, oui, peut-être, une fois le désastre effectué et devant les risques d'effondrement, la "civilisation" occidentale peut réagir et tenter de redresser une situation bien compromise....J'attends donc tes développements sur le sujet. A bientôt et bonne continuation. Merci d'avance.

    André

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