Deux mois que nous voyageons en Nouvelle Zélande et nous savions depuis le début que ce serait un beau voyage. Vous croyez que l’on ne peut pas passer de belles vacances en hiver pourtant vous le découvrez. La faute à ces îles qui longtemps sont restées inexplorées. Il est temps d’en parler alors que nous venons dans ce qui est encore le royaume favori des maoris.
Ce nom n’est apparu dans l’Administration seulement qu’en 1947 en baptisant un Ministère, jusqu’alors les habitants de ces îles depuis environ 1000 ans étaient des indigènes venus comme on vous l’a déjà dit des îles polynésiennes et avant de cela du peuple Lapita.
Maison commune du village de Whakarewarewa |
A Tauranga, nous arrivons dans les terres du groupe iwi Ngāti Ranginui, Ngāi Te Rangi et Ngāti Pūkenga. Je vous dis cela comme ça mais c’est important. Les tribus ne sont pas venues toutes au même moment mais par vagues successives au fur et à mesure que l’existence de la Nouvelle Zélande a été connue dans les îles du Pacifique. Certaines s'entraidaient, d'autres se faisaient la guerre.
J’insiste parfois sur la nature extraordinaire de ce pays et les photos de Françoise le montrent. Vous êtes propulsés dans des décors de cinéma au cœur de la forêt mais même simplement dans quelques mètres carrés au fond de votre jardin.
Comment expliquer cela ? Les Maoris n’ont pas le même mode de pensée que nous. Ils ont une mythologie propre à leur croyance, ils croient en des légendes, ils imagent beaucoup de leurs pensées avant d’agir. Pour des cartésiens analystes comme nous, parfois difficile à comprendre, mais si vous avez l’habitude de visualiser vos actions vous pouvez vous en rapprocher. Aristote, Platon coulent dans nos veines quand ici les légendes donnent un autre sens à la vie. Non pas que les valeurs ne soient pas identiques mais sont présentées, chantées d’une autre façon, avec un charme et une sensualité que nous avons oubliée, trop occupés à chercher loin ce que nous avons tout près.
Sur la route de Tauranga à Rotorua vous passez au milieu des collines où la forêt est reine. Dans les premiers temps de leur présence sur les îles, les nouveaux habitants n’ont pas été très regardant, ils se sont largement servis sur l’existant. Cette nature qui était restée vierge ou pratiquement jusqu’en 1200 (on ne sait pas très bien encore) a vu arriver des humains pour la première fois. La forêt couvrait alors tout le territoire.
Les premiers indigènes ont d’abord chassé puis avec le temps commencé à vouloir cultiver. Des espèces natives de la faune ont disparues; le moa en particulier leur a tout donné pour se nourrir et se vêtir avant de disparaître. D’autres espèces ont aussi disparu, les oiseaux en particulier. Les grands arbres natifs servaient pour la construction des maisons comme des wakas, les canoës pour la pêche, le commerce et les combats. Les tribus devenant plus importantes et les nouveaux arrivants s’implantant sur toutes les parties de îles, il fallut créer des zones de cultures, défricher, nettoyer et semer. C’est le feu incontrôlé qui a fait d’énormes ravages. Les pâturages et les cultures ont remplacé la forêt.
Les premiers indigènes ont d’abord chassé puis avec le temps commencé à vouloir cultiver. Des espèces natives de la faune ont disparues; le moa en particulier leur a tout donné pour se nourrir et se vêtir avant de disparaître. D’autres espèces ont aussi disparu, les oiseaux en particulier. Les grands arbres natifs servaient pour la construction des maisons comme des wakas, les canoës pour la pêche, le commerce et les combats. Les tribus devenant plus importantes et les nouveaux arrivants s’implantant sur toutes les parties de îles, il fallut créer des zones de cultures, défricher, nettoyer et semer. C’est le feu incontrôlé qui a fait d’énormes ravages. Les pâturages et les cultures ont remplacé la forêt.
L’arrivée des colons comme on l’a déjà rapporté n’a fait qu’aggraver cet état de fait. Il y a un siècle seulement que les choses de la forêt ont été règlementés. Les maoris ont retrouvé leurs esprits dans la forêt sauf qu’aujourd’hui celle-ci est métissée. Terme impropre s’il en est, mais qui veut dire que des arbres importés poussent ici au milieu des essences natives encore visibles. Amusant de voir le bouleau que j’ai chéri, taillé chaque année pour le sculpter en boule dans ma première maison au milieu des yuccas et des fougères entrelacées. Sur cette terre inconnue, à une latitude pareille difficile de prendre des initiatives sûres ; aussi les nouveaux arrivants ont apporté tout ce qu’ils avaient sous la main pour retrouver ici des cultures qu’ils connaissaient chez eux. Irlandais, Ecossais, Britanniques et Hollandais quelques Français ont créé des communautés qui existent encore, les traditions ne se sont pas perdues. Les drapeaux des ancêtres flottent dans les jardins à côté de celui de Nouvelle Zélande…, et celui des All Blacks.
Ils ont tous ensemble fait des erreurs et se battent chèrement aujourd’hui pour les réparer. Le plus grave est pour les animaux, les importations des petits mammifères, souhaitée et incontrôlée a fait d'énormes dégâts et à changé les écosystèmes. Retrouver une biodiversité originale est aujourd’hui un combat qui coûte cher. Cette lutte se voit partout dans le pays. Les pièges et leur entretien pour tenir un équilibre de la faune est une mission nationale.
Le bois nouveau est exploité pour servir le marché, chinois en particulier. La forêt est un revenu maîtrisé en surface et quantité, pas toujours au plan financier, les marchés et le dollar peuvent fluctuer ; bonjour pour faire des budgets ; quand enfin va-t-on revenir à d’autres réalités ?
« Redwood » site particulier de forêt où l’on a fait halte. C’est l’exemple type d’un arbre importé qui s’est marié avec le bush, ses fougères argentées ou pas, arborescentes ou pas. Même le designer du « visitor centre » a dû en tenir compte pour créer les WC publics.
Nous entrons dans la nature à visiter. Sioban nous a reçu en français s’il vous plait, Venue pour quelques jours de sa Hollande natale, après 12 ans, elle est toujours là. Les légendes cela vous prend par surprise, à un moment que l’on n’attend pas. Sel de la vie ou secret maori quand ils feintent la passe au rugby.
Un moment en marchant parmi les grands arbres connus très serrés en Californie, nous avons décidé d’aller vers le Lac Bleu.
Nous sommes ici dans une nature habitée des esprits natifs des maoris. Arrivés au Lac Bleu, nous avons trouvé qu’il était… bien rempli. Un transport amphibie faisait des essais de roulage et d’étanchéité comme j’avais appris au moment où je faisais l’Armée. Engin sorti de la tête des ingénieurs pour satisfaire l’envie de mobilité des généraux des nouvelles armées. On a le temps de réfléchir en temps de paix, mais on pense toujours à la guerre, on est complètement déphasés.
Bariolé comme il l’est, celui-ci ne concurrencera que les jet-skis. Les esprits maoris doivent nous prendre pour des abrutis de faire autant de bruit. Nous nous sommes engagés dans la forêt sur le sentier. A côté impossible de pénétrer. En fait c’est la nature entière qui vous pénètre, à vous fasciner. Les crosses des fougères nouvelles sont éclairées, et vous en trouvez de toutes sortes quand vos yeux se posent dans une trouée. De place en place le Lac Bleu fait son effet. Encore une fois la forêt vous saisit à bras le corps pour ne plus nous lâcher. Une feuille, une branche qui frémit et vous voilà parti tout en marchant dans vos rêveries d’enfant. La forêt c’est mon enfance, celle où je mettais mes pas dans ceux de mon père et qui me disait de ne pas déranger les ronces. Je m’appliquais à marcher sans me faire griffer et c’est bien plus tard que j’ai compris que je devais respecter la nature qui m’abritait…
Le flan de la colline qui domine le lac est parsemé des essences qui chacune donne sa nuance comme un musicien dessinerait sur sa portée les notes d’une musique sacrée, avec le secret espoir de vous enchanter.
Descendre, monter, regarder, souffler pour récupérer, soupirer, admirer vous êtes sans arrêt interpelé par une branche qui bouge, un rayon de soleil qui vient illuminer une fougère argentée au sol ou un peu penchée. Un ravissement que l’on voit sur le sourire des gens qui nous croisent sur l’étroit sentier. Un sculpteur a même trouvé le temps de me dessiner un copain.
Arrivés au « sommet » du Lac Bleu, un coup d’œil au Lac Vert ou Rotokakahi. C’est un lac qui n’est pas ouvert à la baignade, la pêche ou la navigation de plaisance. Ce lac est sacré pour la tribu Te Arawa, les premiers habitants de la région. Le lac a été le site de batailles importantes et de nombreux lieux de sépultures sacrées y sont associés. Au centre du lac se trouve une petite île connue sous le nom de Motutawa, où sont non seulement enfouis les vestiges d'un jeune chef maori, mais fut aussi le site d'un massacre au 19e siècle des mains d'une tribu voisine.
Le nom du lac, comme tous les noms maoris évoquent des images ou des rêveries mais aussi de trouvailles comme si c’était miraculeux. Kakahi est le nom de l’écrevisse découverte jadis sur les bancs de sable du lac. Vous aurez sous peu une autre surprise sur ce petit crustacé des eaux douces que j’ai aimé chasser le jour de Sainte Marie.
Dans ces cathédrales de verdure, dire nos émotions serait indécent, souvent en avant de temps en temps je m’arrête et je prends le temps de méditer sur l’instant présent. On ne la fait pas souvent quand on est jeune on croit toujours que ce n’est pas le moment. C’est cela l’erreur que j’ai commise, ne pas prendre le temps de penser que j’avais le temps pour apprécier celui qui passait.
Et vous trouvez ça drôle !!!! |
En descendant le long de la route nous avons voulu prendre un raccourci, je vous l’avais dit le Lac Bleu était bien plein. Juste avant une nouvelle averse, nous avons dû rebrousser chemin et faire des exercices nouveaux pour passer l’eau. Après le camion amphibie la boucle était bouclée…
On pouvait continuer…
Michel Prieu
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Illustrations, Photos et Mise en page : Francoise Devillechabrolle
Email : francoise.devillechabrolle@gmail.com
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